René-Yves Creston
Un artiste militant
René-Yves Creston est sans doute l’un des artistes bretons des plus importants du XXème siècle dont le travail fut marqué par la fervente volonté de faire entrer dans la modernité les arts de Bretagne afin de s’éloigner des « biniouseries » encore en vogue au début du siècle. Artiste des plus polyvalents, l’œuvre artistique de Creston est des plus variées : il fut peintre, graveur, céramiste, sculpteur, illustrateur, dessinateur de presse…
Formé dans un premier temps à Nantes, il s’installe à Paris en 1916 afin de préparer le concours d’entrée à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris dont il suit les cours les années suivantes sans y être formellement élève. Il se marie en novembre 1921 avec Suzanne Candré (1899-1979). Le couple est installé à Montparnasse et fréquente alors les Bretons expatriés, dont un grand nombre d’artistes, ainsi que tout un monde de bohème cosmopolite et souvent désargenté.
C’est sans doute vers 1922 que Creston a l’intuition de former un groupe d’artistes en vue de la tenue prochaine de l’Exposition Internationale des Arts décoratifs et Industriels qui ouvre finalement ses portes en 1925. Ce projet amène la fondation du groupe des Seiz Breur – officiellement lors du pardon du Folgoët de 1923- qui va réussir à proposer sa vision de la Bretagne dans l’une des salles du pavillon breton. Cette contribution collective est remarquée pour sa modernité et est récompensée à plusieurs reprises. Le décès prématuré de Jeanne Malivel (1895-1926), l’autre pilier du groupe, va marquer la fin d’une époque.
René-Yves Creston entreprend alors de se diversifier : il collabore avec Gaston Sébilleau (1894-1957), ébéniste redonnais, afin de proposer des ensembles mobiliers destinés aux villas et hôtels des côtes d’Amour et de Jade, il produit également de nombreux dessins et reportages destinés à la presse. Il entreprend en 1928 de relancer les Seiz Breur en initiant les éphémères revues Kornog et Keltia entre 1928 et 1932.
Depuis le début des années 1920, Creston sillonne la côte méridionale de la Bretagne, de Douarnenez au Croisic, et découvre sur ce littoral un monde qui ne cesse de l’inspirer. Il collabore depuis la fin de l’année 1922 avec la manufacture Henriot à Quimper pour laquelle il dessine de nombreux modèles de faïence utilitaires (assiettes, services de table…) mais également des pièces de formes originales, dont nous pouvons notamment retenir le Nominoë, ou les Porteurs de bannières…
L’Exposition universelle de Paris en 1937 est le second temps fort de l’histoire des Seiz Breur, le groupe est élargit et prend une place importante dans la conception et la décoration du pavillon de la Bretagne, pour lequel Creston conçoit l’une de ses pièces maîtresses, la gigantesque mappemonde en faïence (1,60 m. de diamètre) réalisée par Henriot.
A la fin des années 1920, il donne un nouveau tournant à sa vie en se penchant de manière plus systématique sur la vie littorale : il dessine 16 menus consacrés à l’ostréiculture pour le restaurant Prunier et surtout, va embarquer à bord de chalutiers fécampois. Cette dernière expérience lui fournira la matière pour de nombreuses œuvres, tout comme son embarquement à bord du Pourquoi-Pas du Commandant Charcot en 1933. Il devient peintre officiel de la Marine en 1936 et se tourne vers l’ethnologie de manière plus scientifique, intégrant les équipes de recherche du Musée de l’Homme pour une mission aux îles Féroé en 1939.
Au début du conflit, il participe au réseau de résistance du Musée de L’Homme mais dans le même temps s’implique également avec vigueur dans la création et le fonctionnement de l’Institut Celtique jusqu’en 1943. Il participe aussi en 1942-1943 au chantier des Arts et traditions Populaires lors d’une mission à Scaër.
A la libération, le mouvement Seiz Breur est moribond et disparaît en 1947. Creston devient l’un des animateurs du mouvement Ar Falz et surtout, il intègre le CNRS en 1948. Ses deux domaines des recherches sont l’ethnologie maritime et les costumes bretons. Il continue cependant à travailler dans le domaine des arts appliqués, concevant meubles, vêtements, costumes pour des cercles celtiques, décors divers ou vitraux. Il tente sporadiquement de revenir à la céramique avec Keraluc à la fin des années 1940 ou Henriot à la fin des années 1950. Nommé conservateur du musée des Saint-Brieuc en 1961, il s’éteint en 1964 dans sa maison d’Etables/Mer.
René-Yves Creston laisse une œuvre qui s’étend sur plus d’une quarantaine d’années. Elle se caractérise par sa variété, allant du dessin de mobilier à la création de bijoux, de l’illustration d’ouvrages (comme le Kan da Gornog de Youenn Drezen) à la peinture de chevalet, du foulard Le Minor aux statuettes pour Henriot… Elle reste donc largement à redécouvrir…
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