Auguste Matisse
1866 - 1931
Un peintre de Bréhat
Peintre, décorateur, dessinateur, il naît à Nevers, dans la Nièvre, en 1866. Dès l’âge de 18 ans il suit les cours de l’école des Beaux-arts de Dijon, puis, très vite de celle de Paris. Élève de Léon Bonnat, il expose à partir de 1895 au Salon des artistes français puis au Salon d’automne à partir de 1904. Et par la suite à de nombreux salons internationaux.
Cette solide formation classique lui permettra de développer son propre style, fidèle à son tempérament, rude et cordial. Sa peinture est personnelle et sans concession mais n’est pas fermée sur elle-même. Il laisse une œuvre très personnelle, délaissant le pittoresque de l’île pour la vérité des éléments de la mer.
Vers 1899, il s’installe sur l’Île de Bréhat située au Nord de Paimpol, au cœur de la côte de granit rose. Cette île rencontre à cette époque un certain succès auprès de peintres à la recherche de pittoresque et d’authenticité. Anders Osterlind, Ernst Josephson, Lucien Seevagen, Henri Dabadie, Maxime Maufra…. Il adopte le mode de vie des îliens et devient un excellent marin. Ses compositions sont inspirées de ses propres expériences. Sa connaissance intime de la mer transparait de manière saisissante dans son œuvre.
C’est donc tout naturellement qu’il sera nommé peintre officiel de la marine en 1919, ce qui l’amènera à effectuer des missions en Moyen-Orient et à réaliser des décorations pour des bâtiments publics comme l’Hôtel de Ville de Paris ainsi que du Sénat.
Auguste Matisse était un artiste complet. Il était non seulement un peintre de chevalet mais également un affichiste de grand talent (Jeux olympiques de 1924) et un fin décorateur : peintures murales, vitraux.
Il décède en 1931 et est inhumé dans le petit cimetière de l’ile, sa tombe est blottie tout contre la petite église. Un beau médaillon en bronze la décore, œuvre de son petit-fils Eric Peters, fusillé pour actes de résistance en 1942 au Mont Valérien…Dans sa lettre d’adieu il demande à reposer auprès de son grand-père Matisse. Il était le petit-fils de Wilhelm Peters, directeur des Beaux-arts de Norvège, et d’Auguste Matisse.
Le plus bel exemple est la réalisation de la décoration de la villa bréhatine de M. Saudinos, réalisée en 1919. Le projet de décoration comprenait, outre des vitraux, quatre panneaux décoratifs illustrant quatre moments de la journée : Le Matin, Le Midi, le Soir et la Nuit. La décoration de la villa a fait l’objet d’un article dans Art et Décoration d’avril 1920. «…La pièce de résistance : quatre grandes toiles qui résument en synthèse quatre aspects très différents de la mer armoricaine, mais qui ont entre elles une sorte d’unité constructive due à ce que l’horizon y est à la même hauteur.
Deux d’entre elles ne sont que joie et mouvement: c’est la mer en pleine lumière, par beau temps et belle brise, avec le tumulte allègre des tons francs qui s’entrechoquent: vert Véronèse et bleu de cobalt de l’eau fouettée par le vent, neige éclatante de l’écume qui frange les vagues hautes, vermillon cru d’une tourelle-balise, voiles blanches et voiles rousses des cotres qui, pour gagner le large, passent tout inclinés entre Bréhat et la petite ile de Saint-Maudez dont la côte, sous un rais de soleil, est un ruban jaune éclatant…
Ces toiles ont une puissance de suggestion étonnante. Elles mettent en branle tous nos sens, elles parlent, si l’on peut dire, à l’ouïe et à l’odorat comme aux yeux. A les voir, on sent la bonne odeur marine, on reçoit la rude caresse du vent, on entend le choc des vagues sur les rochers, le ruissellement des mille cascatelles qui en retombent quand ils ont été coiffés par une lame plus haute…. »
« L’ambition de M. Matisse est haute. Il veut être avant tout un portraitiste fidèle de la mer […] Ces toiles ont une puissance de suggestion étonnante. Elles mettent en branle tous nos sens, elles parlent, si l’on peut dire, à l’ouïe et à l’odorat comme aux yeux. A les voir, on sent la bonne odeur marine, on reçoit la rude caresse du vent, on entend le choc des vagues sur les rochers.
Extrait de l’Art et Décoration, article de Roger de Félice, avril 1920, n° 220
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